Dimanche, je vous aime
C’est un dimanche qui les contient tous, un souvenir qui perce le temps, un appel à la résurrection vive des sensations enf(o)uies.
C’est le dimanche de l’enfance, entre retours de messe (« on rêvait de dragées / il ne nous restait dans la bouche / que le goût rêche de l’hostie »), chocolat, jeux (« les jeux interminables / à être quelqu’un d’autre / si possible grand connu / aimé ») et immersion dans le rêve.
C’est le dimanche des amants, « des intervalles de bonheur / à garder le jour entre nous », des jours sensuels qui s’étirent, heureux, parenthèses espérées tout le long de la semaine grise du travail (« lundi revient c’est une ride au coin des lèvres »).
C’est un dimanche mythifié, presque un passé de contes, avec « tous ces liens qui donnaient / un visage au monde / le repos le dimanche ». Un dimanche que l’on voudrait pouvoir conjuguer de ce conditionnel propre aux jeux des enfants : « on se construirait / des bagages légers des vacances / un monde habitable des échanges clairs ».
Dans ce mot-espace, on se prend à « réparer toutes les minutes perdues », en écrivant pour l’enfant en soi : avec lui, on (re)joue à se-faire-croire, à transformer ce qu’on nous offre (l’humidité d’une petite église, une promenade dans la forêt, la voix sans visage à la radio, égrenant les nouvelles de pays inconnus) en espace d’imagination.
Dans la bienheureuse suspension dominicale, on reprend goût à la poésie, c’est-à-dire aux pouvoirs de la création, reniant cette société qui détruit l’espace-page blanche que nos dimanches nous offr(ai)ent (« l’intime aujourd’hui qu’on nous vole / avec cet écriteau ouvert le dimanche » ; « aujourd’hui c’est dimanche on est devant la télé […] aveuglés de réel on imagine rien »).
Mireille Fargier Caruso reprise de lumière, dans ce poème-déclaration, tous nos dimanches à venir : à nous de les transformer, par la lecture amoureuse de ses vers, en latences poétiques !
Une bien belle plaquette qui, pour l’occasion, allonge son format, accompagnant ainsi pleinement les mots de son auteur. Vous pouvez commander ce bout de ciel bleu aux lignes enfantines – tracés des nuages, tracés de la lumière, ou cahier d’écolier coloré ?- ici.