Ovide ou l’Amour puni
Voilà une excellente biographie de l’amoureux de l’Amour, qui s’ouvre sur son exil pour remonter aux origines de sa persona flamboyante et infiniment moderne.
Cette enquête à travers le temps et les oeuvres permet de mieux comprendre la punition de celui qui délaissa la politique pour se consacrer à une poésie enseignant les plaisirs chatoyants de la séduction et de l’érotisme, comme les légendes métamorphes. Comment cet audacieux déridant les carcans moraux et invitant à la célébration d’un plaisir réciproque aurait-il pu s’éviter l’exil, sous le règne d’un Auguste en quête de vertu idéalisée et de responsables à la nymphomanie de sa fille ?
Lucien d’Azay parvient, d’une plume légère et canaille, à faire sentir l’éternelle modernité de l’oeuvre d’Ovide, en le faisant dialoguer avec les figures de Don Juan, Casanova ou avec l’archétype du dandy. De lestes comparaisons entre L’Art d’aimer et nos techniques “modernes” de drague, ainsi que des miroirs littéraires et cinématographiques aux Métamorphoses achèvent de faire de la biographie un hymne qui dépoussière le profil du plus irrévérencieux et délicieux des poètes romains.
On pourra ne pas aimer tous les jeux de mots ou trouver parfois un peu outrancières certaines comparaisons (comparer les Amours au J’aime les filles de Jacques Dutronc, ou faire d’Ovide un Salman Rushdie antique… anachronismes qui m’ont fait rire mais qui en choqueront peut-être certains puristes?), mais le texte est plein d’une allégresse communicative et prouve, si l’on en doutait, la nécessité de continuer à lire ces beaux textes antiques, si modernes dans leur étrangeté passée. Lucien d’Azay choisit d’ailleurs – et à raison – d’émailler sa causerie primesautière de nombreux extraits en latin, accompagnés d’une traduction fort juste, qui sait souligner la dualité même du latin d’Ovide.
Une lecture toute d’érudition joyeuse, que je recommande vivement !