De Litteris

19-3-2017

L’écriture d’essai ludique

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Le cadre posé : ne reste plus qu’à écrire… ou plutôt à réfléchir au mode d’écriture. Ecrire des essais, c’est en effet décider d’investir une des catégories littéraires les moins populaires de notre époque (avec la poésie et le théâtre) et aussi l’une des moins visibles sur les tables des libraires qui, s’ils mettent en avant quelques documentaires ou les livres des hommes politiques, ne proposent pas toujours des essais de fond.

Pourquoi ? Sans doute parce que nous sommes avant tout des êtres de fiction : habitués dès l’enfance à consommer du narratif, étudiant à l’école essentiellement des fictions (sous des formes différentes : contes, fables, romans, nouvelles, mythes, bande-dessinée, films…), nous n’avons généralement pas, dans nos habitudes de lecture, celle de se tourner vers l’essai et avons souvent de celui-ci une image bornée (c’est le livre imposé au cours des études, dont le langage abscons nous a assommé, ou qui débitait tant d’informations que l’on s’y est perdu ; c’est la production universitaire ne s’adressant qu’à d’autres spécialistes).

Pour ma part, j’ai toujours aimé lire des essais et ai toujours considéré que c’était le propre du geek (que celui-ci se passionne pour la pop-culture, les militaria ou Mars) que de chercher à s’approprier dans les moindres détails sa passion, en multipliant les recherches et en cherchant les passeurs qui lui permettraient de mieux comprendre les enjeux de l’objet culturel qui le fascine. Sur ma route, il y a eu des passionnés avec qui j’ai pu parler (hello, les anciens de l’Œil du Sphinx qui passeraient par là) et d’autres que j’ai lu avidement (Jacques Bergier et ses Admirations, Stan Barets et son Science-fictionnaire, les articles sur les petits maîtres de la fantasy, de celui qui est aujourd’hui mon éditeur, André-François Ruaud..). J’ai toujours éprouvé un respect infini pour ceux qui me débroussaillaient le chemin vers la connaissance – que cela soit dans le domaine de la pop-culture ou pour le reste (je ne serais pas la même personne si je ne m’étais pas prise de passion pour Jacqueline de Romilly, Paul Veyne, Michel Pastoureau, Alain Corbin et quelques autres)…. et j’ai toujours espéré pouvoir un jour, moi-aussi, quand j’aurais atteint la dose de connaissances que j’estimais nécessaire, transmettre à mon tour ce qui me passionnait. Voilà pourquoi je suis devenue prof, voilà pourquoi j’écris des essais.

Toutefois, étant bien consciente que je n’évolue pas dans un domaine littéraire accrocheur, je me suis fixé pour objectif d’écrire des essais qui se lisent comme des romans, où pédagogie/information et lecture ludique s’entrecroisent pour que le lecteur, oubliant la forme “essai” et ce qu’elle peut impliquer de préjugés ou de mauvais souvenirs chez lui, apprenne presque s’en sans rendre compte. Mon expérience de prof a beaucoup joué dans cette “méthode d’écriture” : j’aime faire rire mes élèves pour leur faire retenir les informations essentielles ou les surprendre, pour que le “choc émotionnel” grave le savoir plus facilement dans leur mémoire. J’écris comme je fais cours ou comme je prépare mes cours : en cherchant comme transmettre le plus clairement mais aussi de la manière la plus marquante possible mes réflexions sur un sujet donné, en tissant, au fil du récit-essai, les informations entre elles pour bâtir progressivement le savoir dans l’imaginaire du lecteur, en trouvant des biais qui surprendront le lecteur informé et l’amèneront à reconsidérer certaines informations… ou en espérant les trouver, tout du moins. Je traite mes informations comme autant de personnages qui doivent faire leur chemin dans la tête du lecteur, afin qu’au fil des chapitres, il développe une sorte d’empathie avec certaines idées, qu’elles fassent partie de lui (tout comme on porte en nous des personnages qui nous ont touché) et grandissent avec lui.

Je me fixe à chaque fois des objectifs d’écriture précis : pour Pirates !, montrer qu’il s’agit autant de l’histoire d’un archétype que d’une utopie anarchiste ; pour Sorcières!, tracer un portrait de la Femme et du Féminisme à travers le prisme de l’archétype ; pour mon Antiquité Romaine, faire la nique à un bouquin qu’on m’a imposé pendant mes études et que je détestais. Pour Japon !, un de mes principaux objectifs est de vous faire voyager par procuration. J’en ai un autre, mais celui-là, je ne vous le révèlerai pas : je verrai bien à vos réactions si j’ai réussi…

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