La phase de recherches (1)
Comment passe-t-on de la passion au livre? Tout commence par des mois de cogitation pour trouver le plan parfait, celui qui structurera les connaissances accumulées depuis des années et qui permettra de les rendre accessibles au lecteur.
Pour Pirates! et Sorcières!, c’était une évidence: ce qui me fascinait, c’était l’évolution de l’archétype, ses facettes contradictoires ; la chronologie s’imposait. Mon Antiquité Romaine devait obéir aux impératifs de la collection dans laquelle il sortait.
Japon! m’a donné plus de fil à retordre. Souhaitant livrer un panorama de l’imaginaire japonais (c’est d’ailleurs le sous-titre du livre) et réconcilier les partisans de la culture traditionnelle et de la pop-culture, je ne pouvais pas utiliser de plan chronologique, au risque de noyer mon lecteur sous les informations. Il fallait donc trouver les articulations thématiques qui permettraient d’offrir une vue d’ensemble dynamique.
Une fois cette architecture trouvée et validée par mon éditeur, j’ai pu m’adonner à la recherche, ou plutôt à ce que je surnomme affectueusement la phase obsessionnelle.
Pendant des mois, je me suis noyée avec délices dans mon sujet, engloutissant des montagnes de sources dans différentes langues pour faire se croiser des regards divergents et complémentaires.
J’ai passé des journées entières à relire des œuvres adorées et à en découvrir d’autres, à absorber les réflexions d’essayistes m’ayant ouvert le chemin sur certains thèmes et à entrelacer les travaux de spécialistes tournant le dos à certains aspects du Japon (l’un boudant le soft power moderne, l’autre ne farfouillant pas dans ses racines). Je me suis fatigué les yeux et réjoui le cœur à voir défiler les plus belles ou les plus improbables œuvres du cinéma et de l’animation japonaise ; étourdi les oreilles à comprendre les liens entre l’art du shakuhachi et le phénomène des idoru ; laissé libre cours à mon obsession pour la cuisine japonaise…
Je pourrais les multiplier, les exemples, dans ce post déjà trop long, vous dire les détours que j’ai fait lors de mon voyage pour vous offrir des sources originales… Mais ça serait vous gâcher la découverte du contenu, non ?