Les doigts dans la prose
Depuis le printemps 2010, les éditions Les doigts dans la prose proposent une ligne littéraire électrique sans concession, réjouissante d’exigence et d’impertinence.
En quatre pépites, le catalogue de David Marsac mène une véritable fronde littéraire contre les mous flonflons du bal littéraire général. Oubliées, les écritures blanches qui sont les succès désolants de notre morne époque en mal de curiosité ; pourfendus, les romans engoncés de tradition pourrissante ; piétinés, les poèmes du dimanche et leurs alexandrins enrubannés de rose délavé.
Ici, on chahute la langue, on lutine la ponctuation, on piétine les conventions, on froisse le récit linéaire…
On réveille, survoltée, la littérature. On croque à belles dents turbulentes des livres électriques, transgenres, vivants. On fait dérailler joyeusement les habitudes de lecture, court-circuite les cerveaux engourdis, et hurle, insatiable, sa résistance irréductible, intraitable, à la facilité, à la paresse littéraire qui semble s’être emparée de la plupart des lecteurs, préférant bien souvent le confort de phrases sujet-verbe-complément, porteuses de mondes ternes agitant vaguement deux ou trois idées pâlottes.
Rien de tout cela ici, mais une belle, saine, et essentielle insurrection littéraire. L’imprévisible David Marsac et ses auteurs avancent, comme jadis les premiers pirates, contre la littérature trop rangée, et se font les nécessaires bifurcations, les essentiels abordages d’un petit monde germano-pratin dont les ronflements lassent le lecteur aguerri. Les lire, c’est renouer avec la joie de lectures exigeantes, c’est-à-dire de livres qui, nous tirant hors de nos conventions, nous rendent la joie de la langue et de la littérature.
C’est aussi exposer, sur nos étagères, des livres à la ligne graphique dynamique et audacieuse : couleurs survitaminées, logo qui investit malicieusement l’espace littéraire, papier de qualité & mise en page qui ne l’est pas moins (un bravo particulier à celle du très beau Isabelle à m’en disloquer, véritable mise en scène du poème). De beaux écrins énergiques pour écritures électriques.
Le travail de la maison d’édition est prolongé par le blog de l’impertinent & facétieux David Marsac, qu’on lit comme un bonbon acidulé. Critiques littéraires de haute voltige (Arthur Bernard, Lambert Schlechter & le catalogue de certains collègues éditeurs y sont ainsi brillamment présentés), morsures au petit monde germano-pratin (ses revues, ses prix, ses auteurs à succès de pacotille) et aux débats à la mode (numérique vs papier) raviront les exigeants – qui pourront même poursuivre, dans les commentaires, leur lecture, car une belle mélodie en sous-sol s’y déploie.
En attendant, avec une impatience gloutonne, la cinquième pépite à paraître en mars 2013, je vous incite avec enthousiasme à découvrir ce catalogue essentiel – sur ce site, chez ces libraires, ou chez vous.
Note au lecteur désireux de se convaincre des qualités littéraires des œuvres portées par David Marsac : il peut en lire les critiques sur De Litteris, il lui suffit de cliquer sur l’une des couvertures ornementant cet article !
3 commentaires
Coup de coeur ou coup de foudre immédiat pour Isabelle, une mise en page, mais c’est vrai que mise en scène convient mieuX, magnifique et je n’ai vu que quelques pages.
Commande passée, j’attends ma première pépite.
Merci pour cette découverte
N’hésitez pas à me dire ce que vous en aurez pensé !
http://blogs.mediapart.fr/blog/guillaume-basquin/130415/les-ennemis-de-mes-ennemis-sont-mes-amis-christophe-esnault