Les Penchants du Roseau
Un nom tout de souplesse pour cette librairie artisanale qui ploie, sans rompre, face à l’agitation médiatique des cercles germano-pratins et leurs produits de consommation boursouflés, et qui choisit d’imprimer à la demande les pages singulières de son catalogue.
Apprenti libraire : c’est ainsi que se présente, depuis 2009, le fondateur des Penchants du Roseau, Christian Domec. Dans cette formule, on entend l’homme et ses projets éditoriaux : la volonté de jouer le rôle d’un artisan, initiateur autant qu’initié à l’amour du li(v)re.
Un passeur libre, un faiseur de livres et d’auteurs.
Ici, on confectionne de tendres pousses littéraires, favorisant l’émergence de voix nouvelles, peu ou pas entendues, valorisant l’intemporel, le sentiment pur. On leur laisse un espace d’expression, d’existence, un véritable tremplin sensible. On valorise l’humain, avant tout, et la conscience que l’écrivain est lui-aussi un artisan, qui a besoin de premières commandes, pour prendre confiance en sa voix, en son univers littéraire. Les voix sont parfois encore un peu brutes et mériteraient de mûrir, mais qu’importe : elles trouvent, dans l’oeil attentif de ce sincère passionné, de quoi prendre confiance en leurs potentialités.
Ici, on façonne des livres comme autant de présents : présent pour le lecteur – les livres arrivent sous une précieuse enveloppe cristal et laissent affleurer le titre, sous une pimpante étiquette dorée -, présent pour l’auteur – la mise en page, sobre et discrète, vise à exalter le texte. On sent le soin et le plaisir pris à fabriquer un bel objet : papier légèrement bouffant, qui chuchote à la lecture, typographie élégante, colle & encres de qualité, format agréable en main…
L’artisan n’hésite cependant pas à conquérir des territoires numériques : fort de l’idée que la lecture ouverte et gratuite favorise la découverte et l’acquisition de livres, Christian Domec propose l’intégralité de son catalogue en feuilletage numérique. Le lecteur intrigué par les publications des Penchants peut donc les lire en ligne, avant, s’il le souhaite, d’incorporer le livre à sa bibliothèque matérielle.
En cela, le site des Penchants du Roseau s’apparente lui aussi à une (apprentie) librairie, où l’on peut feuilleter, acheter, mais aussi échanger. C’est un vrai lieu de vie qui s’ouvre à celui qui acquière ces publications : les lecteurs sont invités à laisser leurs commentaires sur les pages dédiées à chaque livre, on leur souhaitera amicalement la bienvenue et reproduira leurs critiques dans la présentation de l’ouvrage. On les interpellera, sur le journal des Penchants, leur demandant avis & conseils sur l’évolution de la maison d’édition, accueillant avec bienveillance des photographies de leurs lectures, leurs critiques et leurs enthousiasmes.
Pratiquant la lecture comme communauté & regroupement (d’esprits, de volontés, de sentiments), Christian Domec avance dans le milieu de la petite édition comme un roseau, persistant et souple, penchant allègrement sa silhouette d’artisan sur les fragiles et jeunes pousses qui parlent à son coeur.
On n’en attendait pas moins de la part de celui qui, ouvrant son catalogue avec les contestataires Conards de Rouen, s’est placé d’emblée à contre-vent du circuit littéraire.
Note au lecteur désireux de se convaincre des qualités littéraires des œuvres portées par Christian Domec : il peut en lire les critiques sur De Litteris, il lui suffit de cliquer sur l’une des couvertures ornementant cet article !
2 commentaires
Merci.
Tout le plaisir est pour moi !