pré # carré
Quinze ans de poésie cousue main : depuis 1997, Hervé Bougel nous ouvre les portes de sa collection de poèmes, publiée sous le parrainage de Roland Tixier et de son Pré de l’Age, et assemble de main de maître de merveilleux livrets.
On ne peut qu’être attiré, à le croiser sur des salons ou à contempler les photos de son blog, par la beauté de ses fragiles plaquettes : somptueux papiers annonçant la couleur ou l’esprit du texte, format inhabituel qui titille la curiosité (un carré 10*10, parfois allongé en rectangle, pour le besoin de certains textes), et absence de nom ou de titre qui crée la nécessité de s’arrêter, de prendre le temps d’ouvrir le texte pour aller à sa rencontre. Dès le premier contact avec l’objet-livre, avant même de s’approprier ses mots, c’est toute une esthétique de la lecture qui se dégage : invitation à la lenteur, à la bifurcation, au vagabondage libre & au respect du texte – et non à sa consommation.
On ouvre, sourit au bonjour qui précède le texte de l’auteur, léger signe que nous adresse l’éditeur avant de s’effacer devant les seize pages de poésie vive qu’il nous propose. Sous les doigts, douceur du papier, tendre aspérité du cordon blanc reliant les pages. Sous les yeux, mise en page simple qui porte au plus haut les mots et belle introduction à la poésie, pour ceux qui s’y croiraient encore réticents, ou à des voix singulières, contemporaines, pour ceux qui en parcourent l’intarissable chant.
Passer voies & voix : à robinsonner ainsi dans le catalogue de pré # carré, on redécouvre l’importance de la plaquette dans le champ poétique. Découvrir, en peu de pages, l’intense présence d’une voix, l’évidence d’un style, la force d’un poème qui invite ou force à la relecture. Ouvrir un premier espace d’expression, offrir des jalons pour une œuvre. Permettre au lecteur de composer, au fil des saisons, une anthologie personnelle, un florilège de jardins verbaux dans lequel il peut s’immerger à loisir.
Par son travail obstiné & courageux, Hervé Bougel affirme le pouvoir de fascination de la poésie : ses livrets se lisent comme des fulgurances où le poème, non-dilué, réduit à l’essentiel, se déploie dans toute sa force. Sous chacune des élégantes couvertures qu’il façonne, le lecteur trouvera une exigence sensible, un chant insatiable qui pousse à la relecture, à voix haute, pour mieux faire sienne la voix luminescente qui est montée à sa rencontre.
Diffusant à ses abonnés, au fil des saisons, ses glanages poétiques, ou lançant des projets qui ne le sont pas moins (qu’il s’agisse de sa collection de 36 choses à faire avant de mourir, dont vous pouvez lire des extraits ici et là, ou du collectif la photo qui bouge), Hervé Bougel transforme ainsi son pré # carré en un univers fascinant, beau et libre, où l’on retrouve avec plaisir les voix de Ludovic Degroote, Roland Tixier, Sylvie Fabre G., Michaël Glück, Anne-Lise Blanchard, Lou Raoul… Univers que vous pourrez voir exposé à la Bibliothèque Municipale de Grenoble de mars à juin 2013, sous le titre pré # carré éditeur : la poésie cousue main.
Pour conclure, voici une petite vidéo dévoilant la naissance de cette poésie haute-couture :
Note au lecteur désireux de se convaincre des qualités littéraires des œuvres portées par Hervé Bougel, avant de s’abonner à pré # carré : il peut en lire les critiques sur De Litteris, il lui suffit de cliquer sur l’une des couvertures ornementant cet article !
5 commentaires
Hautement nécessaire
N’est-ce pas ? (sourire)
Cela donne envie d’être publié par ces editions gérard Paris