Africa Trek
Tout vrai voyage commence toujours avec un projet fou : ici, marcher dans les pas des premiers hommes et traverser l’Afrique du sud au nord (jusqu’au lac de Tibériade) pour en découvrir les multiples visages souvent trop ignorés ou présentés de façon bien caricaturale dans nos contrées. De l’Afrique, nous ne connaissons hélas, trop souvent, que peu de facettes : l’aube de l’humanité, le colonialisme, la guérilla, la famine, la sécheresse, les safaris animaliers, le tourisme en Egypte… Rien qui ne donne à voir et à comprendre l’identité africaine. Juste des clichés de lions endormis, de gorilles dans la brume, du royal Kilimandjaro et de désert frissonnant sous le vent.
Au fil des 14 000 kilomètres, le couple raconte et photographie ses multiples rencontres, humaines comme sauvages, ses retrouvailles avec des sensations –parfois primales- hors de notre civilisation (la peur du lion, de la hyène, du serpent, du scorpion, la soif qui alourdit et obscurcit le regard) et sa confrontation avec la principale richesse de l’Afrique : non pas ses paysages changeants ou la multiplicité de sa faune, mais bel et bien les hommes qui la composent, dont tous présentent des destins uniques et différents. Visage tricolore de cette Afrique du Sud qui apprend à vivre avec toutes ces dissemblances, face altière des Massaïs, beauté des femmes soudanaises, chants des Turkanas, menaçants enfants du sud de l’Ethiopie… Eleveurs, artistes, cultivateurs, religieux, photographes, marcheurs d’un jour, tous défilent et montrent la pluralité du continent, bien plus riche que les images de cartes postales qu’on peut en avoir.
Et Sonia et Alexandre d’avancer, d’apprendre (le mal causé par les touristes amateurs de clichés, la bêtise de la bureaucratie bruxelloise, la générosité des plus pauvres), de donner (précieux débats autour de l’excision, de la pilule, du sida), dans un récit qui se déroule presque comme un roman tant les accueils et les découvertes se combinent parfaitement. Il y a quelque chose de magique dans cette rencontre perpétuelle avec l’Autre, qu’il soit celui du passé (rencontre avec des empreintes figées hors du temps, les ruines mythiques de Méroé, des fresques chamaniques impressionnantes…) ou d’un présent heureux malgré ses déchirures.
Trois ans d’humanité et d’amour (pour l’étranger comme pour le couple – les déclarations renouvelées d’Alexandre pour sa femme sont particulièrement touchantes et pures), trois ans de pas lents pour recréer la migration originelle hors du continent africain et rendre visible une belle Afrique, complexe, vibrante, chantant de mille langues à découvrir et valoriser.
Un très beau double livre, à offrir à ceux qui conserveraient une image caricaturale de ce magnifique continent.
L’aventure continue sur leur site.
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