Le royaume des fantômes
Comment initier à un thème qui peut sembler vidé de sa substance ? En le laissant aux mains d’un remarquable spécialiste et en lui laissant toute latitude d’expression.
Ce Royaume des fantômes est un délice, autant pour son riche contenu que pour la vivacité de la plume qui l’anime. Que vous souhaitiez en savoir plus sur les fantômes (leurs mœurs, leur enracinement dans nos mentalités, leur vitalité à travers l’espace-temps, leurs spécificités, leurs chasseurs ou invocateurs, leurs représentations) ou que vous cherchiez, pour vous instruire et vous divertir, une plume aussi érudite que pétillante – il y a quelque chose de très britannique dans cette stimulante manière d’allier fond brillant et style spirituel-, ce livre comblera vos envies, et les redoublera d’une riche iconographie.
Cette trop courte étude offre un spectre varié et dynamique à celui qui souhaite s’initier à l’une des facettes prégnantes de nos imaginaires : elle lui fait ainsi traverser l’histoire, l’art, la psychanalyse, le folklore, la sociologie ; convoque pour lui autant François Mitterrand qu’Arthur Conan Doyle, Henry James que Camille Flammarion, Victor Hugo que Emmanuel Swedenborg ; le contamine à des fascinations toutes personnelles (le théâtre élisabéthain, la littérature victorienne) ; le ravit de ses piques (griffures à la fantasy et aux limites du cinéma, défense de certaines œuvres méconnues ou oubliées – immense plaisir que de lire de si beaux mots sur l’œuvre essentielle de Shirley Jackson !) ou de ses associations d’idées lumineuses (comparer l’évolution du « mythe » du fantôme et celle du vampire, proposer des incursions dans le domaine des incubes et des succubes).
On repose cette cartographie fantasmatique avec l’envie urgente de découvrir certaines œuvres, d’en relire d’autres – à commencer par les excellentes anthologies de Jacques Finné pour José Corti (Les fantômes des victoriennes/ des victoriens, La nuit des saisons mortes de Violet Hunt, Dans le confessionnal d’Amelia B. Edwards…) – et de la placer à côté d’une œuvre tout aussi délicieuse : L’encyclopédie des fantômes et des fantasmes, de Jérôme Noirez, aux (défuntes, hélas) éditions L’Oxymore.
4 commentaires
Merci pour ce très aimable commentaire.
Amicalement,
Jacques Finné
Merci de votre passage et de vos travaux, toujours très enrichissants – la découverte d’Amelia B.Edwards, en tant qu’auteur et personnage, fut, entre autres, un beau moment !
À Madame Julie Proust Tanguy.
Bonjour, Madame,
Merci de votre mot des plus gentils. Si vous aimez les textes et les destins exceptionnels, je ne puis que vous recommander “La Nuit des saisons mortes”, de Violet Hunt, qui s’est révélée, pour moi, la grande découverte de ces cinq dernières années.
Le meilleur pour vous.
Amicalement,
Jacques Finné
Monsieur,
J’ai lu, avec un immense plaisir, le volume en question – je pense posséder, dans ma bibliothèque, tous les volumes que vous avez défendus chez Corti ! Me reste à découvrir cet “Ariel”, chez un autre éditeur, que vous célébrez avec gourmandise.
Merci, à nouveau, de votre aimable passage,
J. Proust Tanguy