De Litteris

25-3-2011

Mister Pip

Lloyd Jones - Traduit par Valérie Bourgeois - Editions Livre de Poche - Nouvelle Zélande

Sur une île de Papouasie, des enfants sont confrontés au pouvoir de la littérature et des grands romans qui redonnent le goût de vivre alors que leur quotidien est bouleversé par des affrontements entre rebelles et armée. Alors que la guerre vient bouleverser leur vert paradis, l’école leur offre des promesses d’évasion intellectuelle. C’est à travers De Grandes espérances,  le merveilleux roman de Dickens, et le commentaire qu’en fait le seul blanc de l’île, M. Watts, dit Bel-Œil (nom ô combien prédestiné pour celui qui leur ouvrira les yeux sur la beauté !), qu’ils découvrent le pouvoir salvateur des Belles Lettres : les personnages – et notamment le héros, Mister Pip- viennent leur faire oublier les violences quotidiennes et s’infiltrent dans leur vie, aussi importants que de « vraies » personnes.

Nous vivons cette initiation à travers les yeux de Matilda – prénom ô combien propice à aimer la lecture, si l’on songe au délicieux roman de Roald Dahl-, pour qui Pip deviendra le compagnon de toute une vie. Il la fascine autant que son professeur au passé trouble, dont elle n’aura de cesse de creuser l’identité…

Alors qu’elle découvre le goût des mots et les joies de l’imprégnation romanesque, elle s’éloigne de sa mère, fervente catholique, qui voit, dans cette drôle d’Angleterre victorienne venant bouleverser les pensées et l’ouverture d’esprit de sa fille, quelque procédé diabolique. Elle qui prône tant les illuminations de la foi ne comprend pas qu’il puisse y avoir une forme de grâce et de foi, aussi, dans la littérature.

De cette confrontation entre une religion obscurantiste et les lumières du savoir naissent d’intéressantes pensées dans la tête de la narratrice, qui découvre ce qui est sans doute une des plus belles capacités de l’homme : la capacité à repousser les frontières de son savoir, à s’émerveiller de cet inconnu qui nous reste sans cesse à parcourir.

Matilda découvrira aussi, malheureusement, les limites de la littérature face à la violence et à la folie des hommes. Mais de ces jours merveilleux passés à s’approprier puis à réciter les chapitres de Dickens s’exhaleront toujours l’expérience fondatrice de sa vie : la capacité de se réinventer grâce à la lecture.

Un récit initiatique plein d’humour, de grâce et de cruauté, dont le message principal ne pouvait que me séduire.

 

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