Un diable d’homme
Sous-titrée « Richard Burton ou le démon de l’aventure », cette copieuse et gouleyante biographie se lit comme un gros roman d’aventures. On s’enfonce, affamé, entre ses pages pour mieux découvrir cette « âme plus vaste que l’univers » (Swinburne) dont les multiples talents et expériences ne cessent d’impressionner.
Fin linguiste (24 langues « maîtrisées » -s’il est possible de maîtriser une langue-, 16 dialectes supplémentaires compris et assimilés), ethnologue de génie auquel on doit de belles pages tant sur les Indes que sur le monde arabe (hélas non traduites en français), explorateur audacieux (il découvrit la cité interdite du Harar, fut le premier occidental à pouvoir rentrer dans la Mecque et à la visiter), traducteur et éditeur reconnu des Mille et une Nuits et du Kama Sutra (entre autres textes érotiques), Burton ne pouvait que choquer la société victorienne trop corsetée, qui n’appréciait guère ses sorties sur l’excision et le cannibalisme et réprouvait son engouement pour toutes les cultures qu’il pouvait rencontrer et sa volonté de les partager.
Comment, pourtant, ne pas succomber à ce géant à l’humour cynique, qui parcourut inlassablement le monde tout au long de sa vie ? Comment ne pas être fasciné par cet homme qui semble avoir fait sienne cette phrase si connue de Plaute « Homo sum et nihil humanum a me alienum puto » (je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger) ?
Il y a quelque chose profondément moderne et prodigieux chez ce héros aux dimensions littéraires, cette légende épique vivante, qui ne demande qu’à être davantage découverte en France –et pas seulement en tant que personnage de l’intéressant cycle de Philip José Farmer, Le fleuve de l’éternité…