Une place à prendre
C’est un roman honnête dans sa construction et sa volonté de renouveler un cliché bien connu : le petit village anglais parfait en apparence, mais rongé par l’ambition, la jalousie, les affaires extra-conjugales, les gens “qu’on ne peut pas décemment fréquenter”… Un mort (le seul personnage pur et honnête) et “son fantôme” (ou plutôt l’illusion d’un fantôme) sert de révélateur à ses guerres internes (parents/enfants, mari/femme, honnêtes gens/ infréquentables) au parfum bien connu.
J K. Rowling n’a rien perdu de sa griffe, quand il s’agit de créer des caractères qui semblent émerger de la page, tant ils sont réels ou crédibles, ou d’entraîner le lecteur dans les tourments des dits-personnages, malgré le caractère très prévisible de l’intrigue et du développement de certains anti-héros.
Là où elle déçoit, c’est qu’elle échoue à renouveler le thème qu’elle aborde : elle qui avait si bien réussi à renouveler l’art du roman jeunesse, elle ne parvient guère à trouver un angle d’approche marquant pour son passage chez les adultes. Il en résulte un roman qui ne surprend guère, malgré son côté page turner.
Elle étonnera peut-être par la dureté du langage (tantôt vulgaire, tantôt brutalement incisif) et de certaines scènes (viol, engueulades disproportionnées), dont on se demande, parfois, si elles servent l’intrigue ou si elles ne sont là que pour se démarquer du phénomène Harry Potter.
Un passage au domaine adulte honnête (“ça se lit“, si j’ose dire), mais peu marquant.
Je vous conseille bien plus volontiers de découvrir le catalogue d’autres éditeurs.
Critique élaborée à partir de la version originale, d’où l’absence de mention du travail de traduction.